Camp Derbo 2012 à Six-Long
Une fois de plus nous nous retrouvons sur les hauteurs afin de partager une semaine à l'écart de la société et au plus profond du calcaire valaisan.
Cette année, le camp sera particulier du fait qu'il se déroulera au chalet de Six-Long, dans un confort rivalisant avec les suites d'hôtel les plus élégantes. Le chalet en question se situe dans la vallée de Dorbon, en face du gîte du même nom.
De là, il faut une bonne demi-heure pour se rendre sur la zone des Tsermettes et autant pour atteindre les Frindses. Deux heures suffisent pour visiter Forcle, la zone située en altitude, tout au fond de la vallée. Jeudi soir déjà, une petite équipe part de Tavannes et rejoint notre compagnon d'outre-Loire, Sylvain. Nous le surprenons à l'entrée de la route de Derborence aux prises avec une pizza. La nuit se passe au Godet, cette année sans incident majeur (cf la mémorable soirée de 2010).
Le lendemain, les huits pattes de notre hélicoptère nous attendent du côté du lac de Derborence.
Nous faisons connaissances avec Pascal le berger de Dorbon. Le mulet, capable de porter 120 kg et l'âne, qui ne supporte pas plus de 40, sont chargés à bloc et nous atteignons sans trop de caprices de nos "sherpas", le chalet de Six-Long.
Nous (comprenez Damien, Valérie, Jean, ou Hanseli pour les intimes, Sylvain et Louis, accompagnés par le couple Favre (Gérald et Rosemarie) de Genève) nous installons confortablement dans notre demeure avant de prendre la route pour un après-midi prospection de surface.
Le jour suivant, les plus motivés, qui ne sont autres que Damien, Valérie, Sylvain et Louis, prennent la route du Gouffre des Polonais. La mésaventure qui s'ensuivit provoqueraient des complexes chez les blondes les plus belges: Damien et Valérie, chargés d'agrandir en haut du P40, et Sylvain et Louis, eux chargés du Réseau des Japonais, entrent en communication par des cris sauvages qui résonnent dans le calcaire. L'effet qui en découle est le suivant : chaque équipe s'imagine l'autre en dessous, on juge préférable de laisser la tâche d'agrandissement à l'autre paire, qui est plus profondément enfouie dans les entrailles de la vallée. Au final, personne ne fait de tir, mais la topo de la zone du fond et réalisée par Damien et Valérie. Les deux équipes se rejoignent lors de la remontée à -70m ou un grand débat à lieu. Il en résulte que Sylvain et Damien redescendent dans les Japonnais pour effectuer un tir en haut du dernier puits.
Au camp, deux nouveaux nous attendent, il s'agit de Daniel, plus communément appelé Géranium Junior d'Undervelier ou encore Dan, et de Julien, l'homme qui se trompe de train plus vite que son ombre. Devant la complexité de leurs histoires de train, de trajets, de parents et d'un moyen de communication "via" la fenêtre de bus de Damien, je vous prie de bien vouloir excuser ma lâcheté de ne pas m'engager dans des explications qui feraient dormir debout le plus paresseux d'entre vous.
Dimanche, Sylvain le Gaulois et Julien partent en expédition du côté du F14, ou quelques minutes de désobstruction suffisent pour glaner quelques mètres de première. Finalement, les quelques mètres se révèlent être peu nombreux avant de tomber sur un rétrécissement. Le gouffre est définitivement abandonné. Christian organise une séance photo au Gouffre des Tsermettes ou TS1, et sortira quelques clichés de grande classe. Damien et Valé retournent au Polonais pour finir l'agrandissement de l'étroiture, l'obstacle est vite franchit. Juste derrière c'est une cinquantaine de mètres de première à l’Égyptienne qui sont explorés en 1ère avec terminus sur un nouveau passage étroit long de 3m. Une partie remontante (amont) est aussi explorée. Cette partie devient le réseau "Leica" du nom de la chienne de Dorbon.
Le lendemain, lundi, ce sont les deux jeunes du club qui accompagnent Daniel au fond des Polonais pour une reconnaissance post-minage du boyau phréatique. Ici, les mètres de première prévus deviennent des centimètres, et finalement on abandonne cette zone, bien qu'une nouvelle journée de minage permettrait le passage. La soirée se passe au gîte de Dorbon ou les cordons-bleus de la vallée nous ont concocté un gratin de pâte accompagné d'une soupe régénératrice.
Mardi, Christian Sylvain et Daniel d'outre-Folpotat font une séance photo parallèle aux TS1 et TS7, ou respectivement Gouffre des Tsermettes et des Polonais. Damien, Valérie et PC se rendent alors au Gouffre des Polonais, dans le réseau "Leica" plus précisément. La topo de la 1ère de dimanche est effectuée par P.C et Valé, tandis que Damien se démène avec le nouveau passage étroit de 3m. En fin de journée, il manque encore 50cm pour passer, nous remontons...
Parallèlement, Seb et Julien s'offrent une escapade du côté de la zone de Forcle, ou ils déplacent la tôle du Gouffre de la tôle placée il y a quelques décennies par de vaillants spéléologues d'alors. Une escapade en son intérieur révèle un calibre "à la julien". A suivre…
Jour de fête nationale mais pas question de se reposer pour autant. Julien et Sylvain prennent la route du Gouffre des Polonais pour entretenir le fond du réseau des japonais à coup de massette. Après quelques minages à coup de sucre vanillé, désherbant et batterie au plomb, julien s'enfile dans une étroiture comme lui seul en a le secret, et quelques cailloux lancés plus loin, devine un puits de 30 à 40 mètres de généreuse section. On tient le bon bout, mais il est temps d'aller partager un risotto "Façon Jean", et il se fait tard, en effet, il est plus de minuit lorsque les deux explorateurs refont surface. Finalement, la première est donc laissé aux suivants. Parallèlement, en ce jour de fête donc, Seb et Louis s'offrent une prospection en falaise et 20 m de première tectonique, alors que Damien offre ses compétences de travailleur spécial acrobatique au propriétaire de la vallée pour installer quelques marches en fer à béton pour l'accès au captage d'eau.
Avant dernier jour de camp, l'expédition aux Polonais sera aujourd'hui composée de Damien, Valérie, S. Bergot et Louis. Objectif : découvrir que dit le fameux P40 entrevu la veille par Julien.
Après deux minages bien placés par notre professionnel Damien, quelques vrombissements du puissant moteur électrique de la perceuse Bosch de ce dernier, quelques M8 installés solidement sur les parois, c'est la descente vers l'inconnu. Damien ne cache pas son émotion face à l'importante section du puits, qui sera topographié comme P42 de 3x9 m de section. Attention la corde en bas de ce puits est trop courte, avis aux amateurs de chute libre.
Un méandre part du fond du puits, premier arrêt sur un R4.
Il est équipé, l'aventure continue. Une petite montée dans les galets permet d'accéder une dizaine de mètres plus loin à un R5.
Equipé lui aussi, il permet l'accès à une galerie phréatique de 1.8x1.5m de section environ. Celle-ci sera nommé la "Folle Galerie" suite à l'expression de Seb.
Ca va un bout mais il semble y avoir un niveau de siphon. En effet, après une vingtaine de mètres peut-être, c'est la fin, on est sur du siphon propre en ordre. Mais il reste une lueur d'espoir, grâce à un raisonnement gaulois qui nous prouve que ce siphon n'est pas un niveau phréatique qui obstruerait la totalité du gouffre : un peu plus loin, le fond du P42, qui est environ 5 mètres plus haut que le siphon est la clé de ce raisonnement. Comme les cailloux tombent une bonne dizaine de mètres dans une faille au fond de ce puits, on atteint donc un niveau post-siphon. Il s'agit donc éventuellement d'une simple gouille. Exténués, les explorateurs du jour décident de laisser reposer la responsabilité sur les bras de Julien et Sylvain pour le dernier jour de camp.
Comme prévu, vendredi, dernier jour de camp, les deux compères sont envoyés au fond du Réseau pour chercher la suite. Il ne feront pas avancer la topo, mais pénétreront quelques départs qui se rétréciront bien vite de manière définitive. Dernier espoir : vider le siphon et continuer dans la "folle Galerie". Seul l'avenir nous apprendra ce qui se cache derrière cette gouille d'eau si redoutée par tous les spéléologues.
Pendant ce temps, quelques 600m plus haut, PC, Jean, Louis, PX et Coline pratiquent la prospection du côté de Forcle, ou PC a passé quelques semaines mémorables il y a de cela quelques années maintenant… Quelques nouveaux trous à visiter sont repérés sur les Crêtes.
Et finalement, samedi, nos vaillants explorateurs, courbaturés comme jamais, regagnent la civilisation malgré eux, en se réjouissant d'avance de l'année prochaine !
Ce camp a permis de gagner quelques 300m de développement au niveau du Gouffre des Polonais pour atteindre une profondeur de 192m (niveau siphon). Il a permis de tirer un trait sur le F14.
Participants à ce camp 2012: Louis, Julien, Sylvain, Jean, Valé, Damien, P.C, Séb., Dan, Christian, Pascal, P.X & Coline
Photos: Sylvain, Damien, Coline & Pascal
Encore quelques autres photos: